Yw Titi : la mystérieuse île des Ancêtres disparue.

Publié le : 20 août 202035 mins de lecture

Après avoir parlé des individus atypiques et énigmatiques trouvés dans la population égyptienne, l’accent est mis sur Acam. Selon les textes écrits sur les murs du temple d’Edfou, c’est de là que sont venus les Ancêtres qui ont engendré les dieux primitifs égyptiens. C’est un sujet qui mettra en évidence la  découverte faite en août 2015. Elle a fait l’objet d’une grande clameur médiatique qui serait remise en cause par des « certitudes » enracinées, issues de préjugés plus qu’établis, voire d’une réfutation. Cette découverte, en fait, serait conciliable avec le sombre monde primordial qui graviterait autour de l’île avancée des livres. Tout cela sans compter l’emplacement des Ancêtres qui sont supposé dans la première moitié du neuvième millénaire avant J.-C.  Et avec les anciens Dieux bâtisseurs.

Quelle est la nature de cet îlot en réalité?

Cette nature est encore un sujet à controverse. Premièrement, pour ceux qui ont des opinions orthodoxes, ce mystérieux lieu  peut être associé à l’une des nombreux petits îlots du delta ou du Nil. Deuxièmement, il existe une divergence de convictions entre les chercheurs. PDF ou la bonne vieille méthode de la version papier, chacun a nourrit sa recherche à sa manière.  Il s’agit pour eux  d’une référence claire à la mythique cité platonique de l’Atlantide. Troisièmement, elle pourrait être la légendaire Thulé. Il s’agit du siège où les Hyperboréens réconciliable menaient leur vie avec les nombreux et mystérieux individus prédynastiques grands, puissants et blonds trouvés en Égypte. Et enfin, d’autres estiment qu’il s’agit de la légendaire Esperia. Or en réalité, c’est celle des Amazones dans le marais Tritonide libyen, dont parle Diodorus Siculus. Mais comme vous le verrez, ce « sombre » contrée pourrait s’inscrire dans un contexte beaucoup plus tangible et surtout beaucoup plus proche. Les sciences de chacun peuvent être sujet à divergence mais le texte brut des vieux manuscrits et la localisation nous rappellent à l’ordre.

La culture égyptienne 

Les populations d’érudits pensent généralement que les Egyptiens sont soudainement devenus une culture mégalithique au début de la IIIe dynastie. Cela est normal d’avoir une telle propagation de nouvelles si la cause a été la construction de la pyramide à degrés de Djoser à Saqqara. Cette culture atteindra ensuite son apogée sous la IVe dynastie avec les constructions monumentales de Gizeh. Cette croyance, étant au début, une des plus pratiquées aurait été cependant démentie. D’abord, par le fait que la pyramide de Djoser ne semble pas avoir été la première structure pyramidale construite en Égypte. C’est arrivé à tel point qu’en plus des nombreuses représentations égyptiennes de structures similaires antérieures aux siècles du règne de Djoser, même Maneton attribue déjà au quatrième roi de la Première Dynastie la construction de pyramides. Ensuite par les nombreuses structures faites de gros blocs rocheux présentes en Égypte. Il est donc très difficile de ne pas percevoir, à l’aube de l’histoire égyptienne, la présence d’une culture mégalithique. C’est une probabilité qui doit être prise en compte. En effet, elle est devenue un des faits primordiaux ; largement soutenue par les grands monolithes de Nabta Playa et par les dieux constructeurs primitifs mentionnés dans les textes du temple d’Edfou dédié à Horus-Behudety. Ces derniers regorgent plus d’histoire intéressante. Ils n’appartiennent pas au panthéon égyptien habituel, puisqu’ils ont été mentionnés parmi les Ancêtres à l’origine des dieux primitifs ultérieurs. Ils suggèrent qu’ils pourraient être liés à des traditions ancestrales antérieures à l’ère mythique de Primo Tempo. Ainsi, ils auraient vu les Ancêtres eux-mêmes comme protagonistes de la construction de la ville en question. Dans les scènes illustrant les rituels de culte dédiés à ces mystérieux personnages, l’égyptologue Eva Reymond, spécialiste d’Edfou, souligne en effet les nombreux parallèles entre djdw-dei et tpyw’-Antenati et le fait que ces termes s’alternent fréquemment. Cela l’amène à suggérer que les djdws doivent faire référence à des dieux particuliers d’un autre monde sacré antérieur qui pourrait éventuellement disparaître. Puisque ces djdws représentaient les Ancêtres du monde sacré qui suivait, il est probable qu’ils indiquaient la forme spirituelle des dieux du passé. Il va sans dire que par le manque d’espace, il est impossible de résumer tous les textes gravés sur les murs du temple. Certaines d’entre elles, pour une difficulté dans leur discernement et leur traduction ont encore un sens obscur. On en tire que des interprétations très spéculatives et parfois, à divergence. Selon les croyances de ceux qui les commentent, ces dernières présentent inévitablement des scénarios différents et parfois très déformés.

Yw titi, selon les anciens textes

Ces textes sont tirés d’ouvrages très anciens. Des références à d’anciens êtres divins divisés en Aînés y sont présentes. Une mystérieuse île couverte de roseaux appelée « Ile des Trappeurs » (yw titi) qui se tenait dans l’obscurité au centre des eaux primordiales y est également cité. De plus, il y a une distinction entre les membres de cette société divine et les autres populations. Dans ce groupe, en effet, il y avait deux chefs, Wa (le Lointain) et ‘Aă (le Grand). Ils étaient les seuls à être les Seigneurs de l’Île des Clochards. Apparemment, ce n’est que plus tard qu’ils ont rejoint les Shebtiu car dans le pilier du temple, ils sont représentés sans Wa ni ‘Aă. Les noms des Shebtiu sont très impliqués comme le Lointain ou le Grandng. Il en est de même pour le « Lieu où les ennemis ont été anéantis », le « Territoire des Ancêtres », le « Lieu de la Réunion » de l’assemblée de ces dieux.

Il y a le Faucon Horus, le perchoir sur lequel il s’est perché et une invitation énigmatique du Shebtiu faite au Faucon pour visiter l’endroit. De plus, parmi les nombreuses choses symboliques créées pour protéger la localité, on sait également que deux divinités (Segemeh et Sekem-Her) ont été créées, symbolisées par deux bâtons ou tiges qui avaient pour tâche de repousser l’ennemi Serpent et que le pilier Djed a également été apporté (ce que les textes suggèrent également de restaurer par les Shebtiu, ce qui attesterait que les Ancêtres avaient déjà des compétences dans l’art du travail de la pierre, corroborées entre autres par la présence des Dieux bâtisseurs).

Le plus intrigant, cependant, est que la création impliquait plus de possessions (pāy-terre aussi appelée les îlots bénies) et d’autres emplacements sacrés car l’ensemble semble indiquer que ce monde primordial a finalement inclus 10 territoires dont les noms sont également mentionnés : Tumulus de la Beaming, île de Râ, Pilier-Mort de la Terre, Haute Colline, Arbre du Pétrole, Celui qui est riche en Kas, Mesen, Celui qui a fait prospérer les contrées, Behedet (qui semble aussi avoir le nom Premier des Tumulis) et Lieu des Esprits.

Il est évident que les textes relatant les différentes étapes de la création parlent de divinités, de prières, de sorts et d’événements qui leur sont liés. Or, il est clair qu’ils décrivent des événements (transformés par la suite, avec le temps, en mythes qui, plus tard, auraient fusionné d’autres traditions) qui voyaient de véritables entités physiques comme des protagonistes. Il est donc très difficile de ne pas reconnaître dans ces mystérieux êtres divins de possibles chefs de groupes fiers de nature guerrière. Ces derniers seraient entrés en compétition auraient formé éventuellement une alliance. Pour soutenir tout cela, le terme titi signifie littéralement « piétiner les ennemis », le « Lieu de la Réunion » et les autres noms avec lesquels le monde sacré primordial est mentionné. De plus, étant donné que la création n’est pas un acte unique mais qu’elle touchera progressivement plus de populaces, on pourrait même aller jusqu’à penser que l’alliance ou la réunion de ces groupes a renforcé leur pouvoir, les amenant progressivement à conquérir de nouveaux territoires.

Il n’est donc peut-être pas risqué de reconnaître dans ces personnages lointains des ancêtres de chaque groupe obscur qui auraient pu s’imposer également dans des zones de plus en plus étendues. Ce remue-ménage au tournant du VII/VIe millénaire pour ne pas oublier que pour les traditions égyptiennes, les royaumes des premiers rois divins étaient caractérisés par des rébellions continues du peuple. Une vie jugée mouvementée pour les dieux afin de ramener ce dernier à ordres.

Il est évident que ceux qui ont des opinions orthodoxes identifient l’lieu de création et les noms mentionnés avec la ville d’Edfou et les territoires voisins. Puisque les prêtres des plus importants centres de culte égyptiens l’ont associé à leur propre ville, on peut supposer que l’ensemble a une seule origine lointaine. Avec le temps, elle se serait enrichi d’autres traditions anciennes liées aux différents centres culturels.

On peut noter que le perchoir sur lequel Horus s’est perché rappelle beaucoup le bourgeon primordial qui est sorti des eaux au petit matin du monde sur lequel le mythique Phoenix deRundle Clark dans son livre « Myth and Symbol in the Ancient Egypt » l’identifie. Cette terre lointaine revêtue de mystère et de magie au-delà du monde d’où cet oiseau légendaire est venu avec « l’île de feu », y cite-t-il.  Outre cette dernière, d’autres indices semblent suggérer l’lieu possible du mystérieux monde sacré source lié aux Ancêtres et sont l’activité volcanique. Certains noms des pāy-lands, l’étang des rivages primordiaux, le Serpent ennemi, l’obsidienne, le faucon, les deux divinités Segemeh et Sekem-Her, les nombreuses représentations rupestres sahariennes immortalisent des individus lointains à tête d’oiseau [xii], les divinités égyptiennes à tête d’oiseau (tout d’abord le faucon Horus) et enfin le pilier Djed. Bien sûr, Cela fait immédiatement penser à des cratères volcaniques et, la Sicile joue un rôle prédominant non seulement en raison de la présence de l’Etna, le plus grand volcan d’Europe, mais aussi parce qu’avant l’Holocène, son territoire aurait été beaucoup plus vaste. Comme la côte tunisienne, cela aurait pu faciliter d’éventuelles migrations de clans éloignés de notre péninsule vers l’Afrique du Nord et vice-versa. Au moment du dernier maximum glaciaire, d’ailleurs, le canal de Sicile serait apparu complètement différent. Outre Pantelleria, dans le secteur nord-ouest, il y aurait eu beaucoup d’autres îles alors que l’archipel maltais n’aurait fait qu’un avec la Sicile. Cela aurait permis de traverser cette portion de mer entre la Tunisie et la Sicile non seulement à vue mais aussi dans un temps beaucoup plus court qu’aujourd’hui. De plus, on peut voir sur l’image qu’avant la montée holocène du niveau de la mer Méditerranée, dans la Manche sicilienne, il n’y avait que 10 zones émergées isolées très conciliables avec les 10 pāy-terre des textes. Comme on peut le voir, non seulement tous les indices semblent converger vers cette ancienne étendue de mer, mais aussi que Pantelleria aurait pu jouer un rôle décisif.

Les amis d’Acam avanceront certainement que l’apogée de la dernière période glaciaire remonterait à environ 18 000 ans. Or, c’est précisément à cette époque que l’on pourrait placer les lointains ancêtres de ceux dont les traditions égyptiennes se souviendront plus tard comme les ancêtres des dieux primitifs. De plus, la colonisation de la Sicile remonte à cette période. Comme le détroit de Sicile aurait commencé à changer progressivement pour le relèvement de la mer il y a environ 12.000 ans, ce bras de mer aurait permis une navigabilité facile pendant environ 6 millénaires. Favorisant ainsi non seulement d’éventuelles migrations de clans entre les deux rives mais il aurait également pu être une voie importante pour l’échange d’un bien très important pour la période obsidienne. Pantelleria, aussi appelée la Perle noire de la Méditerranée la noirceur de ses pierres volcaniques, est riche en beautés naturelles suggestives et uniques. A titre d’exemple, ses falaises de plus de 300 mètres de haut, ses baies enchanteresses, ses coulées de lave qui se solidifient et qui ont créé des paysages étonnants, des grottes, des sources chaudes et les célèbres « Favare »… Et, précisément parce que c’est une terre volcanique, Elle est aussi très fertile et donc conciliable avec le pāy-lands Oil Tree et Celui qui a rendu les endroits prospères.

Son évolution géologique a commencé il y a plus de 300 000 ans et a connu plusieurs cycles d’activité éruptive au cours des millénaires. Il y a entre 44 000 et 35 000 ans, dans la partie sud-est de la caldeira des Cinq Dents, des coulées de lave et des coulées pyroclastiques ont rempli environ deux tiers de la caldeira, formant le volcan du Mont Gibele. Tandis qu’il y a environ 18 000 ans, l’élévation de la partie centre-nord de la caldeira a conduit à la formation de la Montagna Grande, le plus haut sommet de l’archipel (836 m). De plus, entre 18 000 et 3 000 ans, il y a eu d’importantes éruptions des centres éruptifs péricardiques en correspondance avec des fractures radiales. On notera donc que lorsque le détroit de Sicile était encore parsemé de terres émergées, Pantelleria serait non seulement très conciliable avec l’île du Feu ou de la Flamme mais aussi avec celle des Deux Flammes pour d’éventuelles éruptions contemporaines.

Il ne faut pas oublier le suggestif Miroir de Vénus. C’est un petit lac aux eaux turquoises et cristallines alimenté par la pluie et de nombreuses eaux sulfureuses bouillonnantes à la surface de l’eau. Ce petit lac, en effet, s’est formé dans un bassin d’origine calderica au pied du quartier Bugeber et les poules et la boue bouillonnante lui donnent un aspect lunaire. Cela correspondrait bien à celui du miroir d’eau des rivages primordiaux près desquels vivaient les créateurs de la création. En outre, la Grande Montagne peut également être associée au Premier Tumulus pāy-land (Behedet) tandis que le High Hill pāy-land pourrait être associé à l’un des reliefs des cratères volcaniques mineurs déjà inactifs à l’époque (Cuddia Attalora, Cuddia Mida, etc.). Dans le Serpent ennemi, au contraire, on pourrait facilement reconnaître une coulée de lave fluide, de sorte que l’un des cratères concorderait bien avec le Créateur du Serpent du Pays des Textes.

L’obsidienne est un verre volcanique qui est formé par un refroidissement très rapide de laves visqueuses très riches en silicium. Malgré cela, on pense que la diffusion de son utilisation a commencé au Néolithique, mais déjà les Magdaléniens (15000/10000 av. J.-C.) l’utilisaient, surtout depuis les Carpates. Comme des objets en obsidienne ont également été trouvés à plusieurs centaines de kilomètres des gisements et que ce verre de lave présente des caractéristiques exclusives typiques de la coulée originale qui remontent à son lieu d’origine, il a été possible de reconstituer les routes des anciens échanges.

En ce qui concerne la Méditerranée occidentale, toute l’obsidienne trouvée dans les colonies néolithiques du pays français et de l’Italie provient de Sardaigne et de Palmarola. Tandis que celle trouvée dans les colonies siciliennes, maltaises et tunisiennes provient de Pantelleria et de Lipari.

Il va sans dire que les propos sans équivoque de la majorité des universitaires n’est pas du tout convaincants. Ils sont entachés d’idées préconçues profondément ancrées. En fait, bien qu’il existe des preuves de la colonisation maritime de l’Australie depuis 50000 av. J.-C. et des traces de la présence des Solutréens (20000/16000 av. J.-C.) dans le Nouveau Monde, on pense non seulement que la navigation en Méditerranée ne remonte qu’à la période néolithique, mais aussi que les navigateurs du néolithique n’avaient pas encore l’expérience et les compétences nécessaires pour effectuer des traversées en haute mer. Comment alors expliquer les traces de pêche au thon trouvées à Menton (France) et qui remontent à 15000 avant J.-C. ? Heureusement, depuis longtemps, il y a aussi des voix en dehors du chœur, comme celle de Louis-René Nougier. Titulaire de la première chaire d’archéologie préhistorique établie en France, il est le découvreur des graffitis et des peintures de la grotte de Ruffignac.

Il n’est donc pas exclu que les routes maritimes d’obsidienne des quatre îles de la Méditerranée occidentale aient été plus vieilles que ce que l’on croit généralement. L’élévation de la mer ait pu anéantir des établissements côtiers éloignés où des objets en verre de lave provenant de Sardaigne, Palmarola, Pantelleria et Lipari auraient. De plus, comme l’obsidienne était l’un des biens les plus recherchés en Europe à l’époque magdalénienne, on ne peut même pas exclure que les outils des ancêtres aient été jalousement conservés de génération en génération pendant des siècles et des siècles. Ce qui n’expliquerait les découvertes que dans des contextes néolithiques ultérieurs. Il est intéressant de noter qu’à Pantelleria, malgré le fait que pas moins de cinq moulages d’obsidienne ont été identifiés, des artefacts locaux ont également été trouvés connus. Compte tenu de sa très longue activité éruptive, il n’est donc peut-être pas trop audacieux de penser qu’une ou plusieurs coulées d’obsidienne pourraient aujourd’hui se trouver bien en dessous du niveau de la mer alors qu’à l’époque où le canal de Sicile était parsemé de terres, elles auraient été à la surface permettant une exploitation facile. Si tel était le cas, alors, des batailles sanglantes entre des clans éloignés qui étaient entrés en compétition pour le contrôle de cette étendue de mer qui aurait permis l’exportation de l’obsidienne et une alliance ultérieure entre eux.

Les fauconidés sont des oiseaux dont les dons, depuis les temps les plus reculés, n’auraient certainement pas échappé aux anciens chasseurs car modèles de perfection de chasse pour lesquels ces animaux seraient imités et magnifiés dans leurs traditions magico-religieuses. Des traditions que certains clans ont continué à perpétuer pendant des millénaires de génération en génération et qui ont également influencé celles des groupes rencontrés lors de leurs migrations millénaires.

Qui sait, en effet, combien de fois ces observateurs attentifs et scrupuleux de l’environnement qui leur permettait de vivre ont admiré la fierté de ces oiseaux de proie, leur vue aigue, les longs vols planés, les virages brusques et les piqués pour attraper la proie. Et qui sait combien de fois, fascinés et intrigués, ils se sont arrêtés pour observer leurs migrations automnales vers le sud, en attendant de les voir revenir quand le climat serait à nouveau plus clément. Le point de départ le plus important de la migration printanière de plusieurs milliers de types de ces oiseaux de proie est le Capo Bon (Tunisie) d’où, juste par le canal de Sicile, ils atteignent les côtes de la Sicile occidentale. Et c’est de ce point que plusieurs milliers d’entre eux continueront ensuite vers la crête des Apennins et ainsi les pays de l’hémisphère haut du globe. Une migration vers le Nord très importante car le climat du Sud ne jouerait plus en leur faveur. C’est l’ordre de la vie dans ce type de règne. Pantelleria est connue des amateurs d’ornithologie pour l’énorme quantité de rapaces qui arrivent au printemps en grandes volées avec son climat. Un autre indice qui permettrait de relier Pantelleria au monde primordial des ancêtres des dieux égyptiens sont les deux divinités créées Segemeh et Sekem-Her qui, dans les textes, étaient symbolisées par deux bâtons ou tiges. Et si, au contraire, compte tenu de la présence dans les textes des dieux constructeurs, il s’agissait de deux symboles de pierre ? Dans la localité de Serraglia, en effet, il y a des monolithes, dont deux sont flanqués. Ils semblent marquer une zone sacrée. Ce qui les rend très intéressants c’est le fait que le complexe a été érigé juste à côté de la Favare la localité et associer au souffle de la Terre Mère, et donc précisément de Tanen que dans les textes ont créé Segemeh et Sekem-Her.

 Les amis d’Acam objecteront certainement que le mégalithisme est un phénomène qui ne s’est développé en Europe que depuis le néolithique, sans savoir toutefois qu’il est beaucoup plus ancien. Dans le site français de Regourdou (près de Lascaux), en effet, on a trouvé un site funéraire de Néandertal et une fosse rectangulaire avec des pierres alignées, avant l’enterrement, avec les restes de plus de vingt ours en dessous. Une dalle pesant environ une tonne. À Saint-Germain-la-Rivière (également près de Lascaux), au contraire, dans un endroit de sépulture magdalénien, on a trouvé le squelette d’une femme qui a été appelée la Dame de Saint-Germain-la-Rivière. Elle indiquait clairement une stratification sociale. La structure funéraire était composée de 4 blocs qui supportaient deux dalles qui semblaient protéger le défunt. Le plus grand linteau, soutenu par 2 piliers supplémentaires fixés dans le sol, avait un anneau à la tête tandis que le plus petit protégeait les membres inférieurs repliés. Daté de C14 15780 /- 200 BP. Dans ce cas aussi, inévitablement, une question se pose : si en Europe l’utilisation de grands monolithes se retrouve déjà dans les contextes néandertalien et magdalénien, pourquoi le mégalithisme n’aurait-il fleuri qu’à partir du néolithique ?

On sait que la pierre ne peut pas être datée, donc tous les tests C14 sont effectués sur des restes organiques trouvés dans des contextes proches. Cependant, contrairement à celui de Saint Germain la Rivière et à d’innombrables autres, les contextes dans lesquels sont prélevés les matériaux organiques pour la datation pourraient parfois donner des résultats trompeurs via les stratigraphies inverses en cas de ré-enfouissement des sites ou pour de nouvelles fréquentations de sites abandonnés des millénaires plus tôt, cette dernière possibilité étant très fréquente. Imaginons donc à quel point la datation des monolithes à proximité desquels il n’a pas été possible d’extrapoler un contexte clarifiant peut être incertaine, de sorte que les conclusions ne reposent que sur des idées préconçues bien établies.

Les menhirs de Serraglia pourraient donc être beaucoup plus anciens, non seulement parce que Pantelleria a connu des cycles de fréquentation humaine s’étendant sur des siècles et des siècles qui auraient déjà pu trouver ces monolithes sur place, mais aussi parce que c’est précisément le manque d’artefacts qui laisse de grands espaces ouverts à toutes les possibilités. En effet, des découvertes beaucoup plus anciennes dans des sites éloignés, autrefois côtiers, ont pu être irrémédiablement effacées par la montée de la mer ou par des glissements de terrain sous-marins alors que dans des sites plus élevés, étant donné l’intense activité éruptive d’il y a 18 000 à 3 000 ans (culminant vers 7 000 avant J.-C.), par des matériaux éruptifs.

De même, les observations archéoastronomies in situ effectuées en 2009 n’ont pas fourni d’informations pour leur éventuelle datation car, comme il n’a pas été possible d’extrapoler du contexte des données pour la période réelle de mise en place des monolithes in situ, elles ont été limitées uniquement aux positions solaires et lunaires car elles ne voulaient pas risquer un alignement stellaire pour des orientations ne colmatant pas avec les mouvements solaires ou lunaires (au lien dans la note, vous pouvez voir des photos de ces monolithes et télécharger le fichier PDF avec les résultats des observations).

En parlant des fauconidés, nous avons déjà mentionné la fascination qu’ils auraient exercée sur les anciens chasseurs pour leur perfection de chasse et les témoignages d’immédiateté avec ces oiseaux extraordinaires nous viennent des représentations murales dans les grottes françaises, comme l’Homme de Cougnac et celui de Pech-Merle reproduits avec une tête d’oiseau, tandis qu’à Altamira (Espagne) de profondes gravures immortalisent un corps humain avec une tête d’oiseau et des pattes d’ours. Mais l’exemple le plus connu est sans doute celui de la grotte de Lascaux (France) où, dans le Conduit du mort, un ancien chasseur est probablement mort avec une tête d’oiseau, un bison blessé perdant ses entrailles et un bâton chamanique avec un oiseau au bout (incroyablement similaire au symbole égyptien de l’Occident), représentation claire d’une chasse au dénouement dramatique.

Cette représentation d’ailleurs, pour Michael Rappengluëck, chercheur à l’Université de Munich, a vu combien ses origines pouvaient être lointaines. Il pense qu’elle aurait une signification astronomique et une correspondante dans le mythe égyptien de Dewen-anwi (déesse égyptienne à tête de faucon) combattant le bétail Meskhetiu. Ce mythe, dont on trouve des références sur le plafond du deuxième tombeau de Deir el-Bahri de Senenmut, sur la tombe de Séthi Ier, sur la deuxième salle hypostyle du Ramesseum et sur d’autres plafonds stellaires, semble en effet lié aux ancêtres des dieux primitifs égyptiens et aux nombreux individus sahariens immortalisés avec des têtes d’oiseaux. Cependant, il est probable que de nombreux amis d’Acam ne sauront pas que dans le contexte conciliable avec l’emplacement du monde sacré primordial des Ancêtres, il existe une admirable gravure, une continuation de l’art animalier de la période des derniers chasseurs, de personnages avec leurs propres têtes d’oiseaux qui pourraient représenter le lien entre les anciens individus sahariens représentés avec de telles caractéristiques et la Sicile par l’ancien canal de Sicile.

On parle de la Grotte dell’Addaura sur le Mont Pellegrino (Palerme) dont les peintures rupestres sont l’une des expressions les plus réalistes de l’art rupestre du Paléolithique supérieur lié à l’art de la province franco-cantabrique et que Bovio-Marconi dans le Bulletin de la Palethnologie italienne (1953) a comparé à des idées africaines similaires. On peut voir que dans ces gravures à la ligne sûre, les personnages ont des corps imposants et majestueux à l’esthétique élitiste qui rappellent immédiatement l’énigmatique et atypique dolicocephalus prédynastique égyptien : grand et puissant mais aussi celui à la tête allongée (dolicocephalus ?) se caractérise par une particularité qui n’aurait caractérisé depuis l’antiquité que quelques tribus libyennes et plus tard des représentants des cultures prédynastiques égyptiennes : la queue (ou tresse) distinctive de cheveux ramassés haut sur la tête. Une simple coïncidence ?

Ces mystérieux individus, d’ailleurs, ont peut-être déjà été très familiers avec la mer. Au centre de cette scène complexe, il y a en effet un personnage en train de plonger avec la tête et les membres supérieurs associés à la tête et aux nageoires d’un phoque sous un être humain au dos très arqué car son cou est attaché par une corde à ses chevilles.

Il est difficile de ne pas voir un éventuel rituel sacrificiel magique pour la chasse de cet animal qui, outre la côte, aurait pu être étendu en pleine mer et parfois avec des résultats très spectaculaires. Des résultats parfois dramatiques, en fait, seraient confirmés par l’effigie d’un homme mort avec une tête et une moustache de phoque et un harpon à la main dans la grotte de Cosquer, un sanctuaire paléolithique submergé à – 37 mètres (découvert par un plongeur en 1985 près de Marseille) rempli de reproductions d’animaux terrestres et marins qui nous sont parvenues grâce au caractéristique tunnel d’accès ascendant qui permettait d’emprisonner l’air dans une grande pièce à environ 120 mètres de l’entrée.

Les investigations menées dans cette grotte ont montré, à partir du charbon résiduel des cheminées utilisées pour les représentations au charbon noir, deux établissements humains distants d’environ 8 000 ans : le premier vers 25 000 avant J.-C. et le second d’environ 17200 à 16500 avant J.-C..

Le dernier indice, mais certainement pas le plus important, pour relier le détroit de Sicile au monde sacré primordial des textes est le pilier Djed, la colonne associée à Osiris, dont l’origine est très ancienne puisque déjà dans la nécropole prédynastique de Helwan (à environ 20 km au sud du Caire actuel) ont été trouvées des amulettes djed et tat (nœud ou ceinture d’Isis), ce qui démontre à quel point la coutume d’enterrer ces amulettes avec les morts pour éloigner les entités adverses était ancienne.

Dans les textes, il est mentionné que ce pilier a également été apporté pour protéger l’endroit (qui semble avoir été également restauré) et en août 2015, un monolithe d’environ 12 mètres de long a été trouvé gisant sur le fond marin à une profondeur de 40 mètres dans une zone qui, avant l’ascension holocène de la mer Méditerranée, aurait été un îlot (Pantelleria Vecchia) dans le canal de Sicile.

Pour faire la trouvaille, répandre avec un article d’Emanuele Lodolo et Zvi Ben-Avraham intitulé « Un monolithe submergé dans le canal de Sicile (Méditerranée centrale) : Evidence for Mesolithic activity » publié dans le Journal of Archaeological Science 3 (2015), était une équipe internationale dirigée par Emanuele Lodolo (Institut national d’océanographie et de géophysique expérimentale de Trieste) et Zvi Ben-Avraham (Université de Tel-Aviv) en collaboration avec le Corps des carabiniers et un groupe de Global Underwater Explorers.

Le grand bloc de pierre est caractérisé par des trous (un qui le traverse à une extrémité et deux latéralement) et pour les découvreurs, cela indiquerait non seulement que l’homme avait déjà occupé certaines îles qui, jusqu’à il y a environ 9500 ans, parsemaient le secteur nord-ouest du canal de Sicile, mais aussi qu’il était déjà en possession de compétences techniques avancées parce que la forme du monolithe et les trous ne peuvent être imputés à aucun processus naturel et parce que, avant d’être soulevé, il aurait été transporté sur une distance d’environ 300 mètres à partir de la zone d’extraction.

Cependant, quelques jours après la publication de l’article dans le Journal of Archaeological Science, une réfutation est apparue. Dans un communiqué de presse signé par trois éminents experts des antiquités sous-marines de la mer de Sicile et de la Méditerranée (Sebastiano Tusa, surintendant de la mer de la région de Sicile et préhistorien, palethnologue et archéologue sous-marin, Fabrizio Antonioli, géomorphologue de l’ENEA, et Marco Anzidei, géophysicien de l’INGV), a en effet été contrecarré en tous points des théories postulées par Lodolo et Ben-Avraham (y compris la datation au C14) pour aboutir à la conclusion suivante : le monolithe n’est autre qu’une formation naturelle, c’est-à-dire une roche de plage, typique des environnements côtiers et qui souvent, en raison de l’érosion côtière, se détache du bassin rocheux d’origine et s’installe en mer Méditerranée entre 1 et -5 mètres de la côte. En Sardaigne, en Turquie, en Sicile, en Grèce, en Croatie et en Ligurie, ces formations naturelles sont connues et datées jusqu’à une profondeur de 60 mètres et se forment souvent sur des côtes sablonneuses qui, en s’effaçant, favorisent leur fragmentation, même sous forme de monolithes apparents.

Les trois chercheurs siciliens, par ailleurs, tout en admettant que les fonds marins n’ont peut-être pas été submergés à l’époque envisagée par les découvreurs, estiment que le « monolithe » n’est pas attribuable à l’œuvre humain pour ses caractéristiques (forme incurvée, morphologie des bords et contexte) et du trou décrit dans l’article car de tels trous, effet de l’érosion naturelle, sont courants dans de nombreuses formations rocheuses.

Il faut cependant noter que, parmi les justificatifs invoqués pour démontrer l’origine non humaine du monolithe, le communiqué contient également l’idée préconçue, banale et dépeinte, du grand retard des populations humaines de la Méditerranée occidentale en matière de navigation. Pour corroborer davantage l’attribution non humaine du monolithe, en fait, les trois chercheurs écrivent : « Enfin, en observant la position géographique du « monolithe » dans le détroit de Sicile, telle que décrite par les auteurs dans l’ouvrage, on note que le site étudié était une sorte d’îlot (dans une zone qui atteint aujourd’hui -130 mètres). Au mésolithique, il était donc séparé du continent et, s’il avait été anthropisé, il devait être atteint par bateau. Il convient de rappeler que les premiers événements de navigation en Méditerranée ne remontent qu’au néolithique suivant ».

En tout état de cause, le fait que le monolithe puisse être un rocher de plage et non un artefact n’invaliderait pas son éventuelle association avec les Djed mentionnés dans les textes car, compte tenu de sa possible restauration par les Shebtiu, rien n’exclut qu’ils aient pu profiter de la présence déjà in situ de cette formation de pierre naturelle qui, après une intervention manipulatrice d’adaptation, se serait alors levée pour protéger l’île. Combien de témoignages de mégalithes naturels adaptés in loco par l’homme au cours de plusieurs millénaires nous sont parvenus ?

Il ne reste donc plus qu’à attendre des investigations plus approfondies sur le monolithe et le contexte dans lequel il a été trouvé, mais déjà maintenant cette découverte, naturelle ou fabriquée, pourrait être la cerise sur le gâteau pour la localisation éventuelle du mystérieux monde primordial sacré des ancêtres des dieux égyptiens primitifs et qui se trouve en Sicile, carrefour de peuples et de cultures depuis l’Antiquité.

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