Histoire de la Principauté de Monaco

Publié le : 05 octobre 202011 mins de lecture

Au VIIIe siècle avant J.-C., les Grecs ont fondé la ville de Focea en Ionie, en Turquie. Ses habitants, les Phocéens, se sont révélés être un peuple entreprenant, voué au commerce et à l’exploration maritimes. Hérodote nous raconte qu’après s’être aventurés dans les mers qui baignent la péninsule italienne et le sud de la péninsule ibérique, ils ont fondé des colonies dans toute la Méditerranée, parmi lesquelles, on le suppose, l’actuelle Principauté de Monaco. Mais avant les Phéniciens, la Forteresse de Monaco était habitée par les Phéniciens, et selon certains, ce sont eux les véritables fondateurs de la ville où, entre autres choses, ils ont construit un temple dédié à Hercule Mòneco dont le nom dérive.

La genèse de la principauté de Monaco

Après les Phéniciens et les Grecs, en 122 avant J.-C., les Romains ont occupé ces terres, qu’ils ont appelées Portus Herculis Monoeci, et qu’ils n’abandonneront pas avant de nombreux siècles. Auguste fit passer la Via Julia Augusta par la Turbie – à environ 6 km de la zone portuaire – et érigea le célèbre Tropaeum Alpinum, également connu sous le nom de Tropaeum Augusta, pour célébrer la victoire finale sur les tribus alpines qui nuisaient au commerce. Sur la colline connue sous le nom de « Tête de chien », vers l’an 1000, Sarrasins, Génois et pirates se sont succédé jusqu’à l’avènement de la belle et guerrière famille génoise de Guelph des comtes Grimaldi, qui a gouverné la ville de Monaco presque sans interruption, la transformant ensuite en principauté, jusqu’à aujourd’hui.

Les particularités de la famille Grimaldi

Enrichie par le commerce, les finances et l’achat de terres, la famille Grimaldi est entrée massivement dans l’histoire de Gênes, avec quelques autres familles comme les D’Oria, les Spinola, les Fieschi et les Imperiale, exprimant de nombreux caractères de valeur, d’ingéniosité et d’armes. Le premier membre de la famille à prendre possession de Monaco est Francesco, dit « Malizia », en 1297. À partir de ce moment, la fortune de la ville suit celle de la noble famille génoise.

Il est remplacé par son cousin Ranieri Ier qui, après seulement quatre ans, en 1301, vaincu par les Génois, est obligé de leur donner la forteresse. Son fils Carlo Ier la reconquiert trente ans plus tard, en 1331. En 1346, il étend la seigneurie sur la ville de Menton et en 1355 également sur Roccabruna. Charles Ier est considéré comme le premier véritable seigneur de Monaco et, par conséquent, le fondateur de la dynastie monégasque. Entre 1357 et 1436, la ville tombe à nouveau trois fois sous la domination génoise, pour un total de 57 ans, et pendant environ un mois, en 1436, sous celle du duché de Milan. Mais à partir de ce moment, la famille Grimaldi règne sans interruption, à l’exception d’une parenthèse pendant la Révolution française.

En 1489, la ville obtient la reconnaissance de sa souveraineté du roi de France Charles VIII et du duc de Savoie et en 1512, Louis XII de France reconnaît son indépendance. La seule exception se situe entre 1524 et 1641, avec Augustin Ier qui, contrairement à ses voisins français de l’autre côté des Alpes, se place sous le protectorat espagnol. C’est dans cette phase que la Principauté de Monaco est née quand, en 1612, Honoratus II a assumé le titre héréditaire de prince avec la reconnaissance du roi d’Espagne.

Le 14 septembre 1641, le même Honoratus II signe avec Louis XIII un traité par lequel la France confirme la reconnaissance de la souveraineté de Monaco et accorde l’égalité de rang entre le prince et la plus haute noblesse française. Le protectorat revient donc à la France qui, vers la fin du XVIIe siècle, nomme le prince Louis Ier comme ambassadeur auprès du Saint-Siège.

Les bouleversements de la Révolution française submergent la Principauté qui, en février 1793, est annexée à la France et l’épouse de Giuseppe Grimaldi est guillotinée. La Principauté revient aux Grimaldi en 1814, avec le premier traité de Paris ; le second traité de Paris, l’année suivante, la place sous le protectorat du roi de Sardaigne. Avec le transfert en France des villes de Menton et Roccabruna (ou Roquebrune) le 2 février 1861, le territoire est réduit d’environ quatre-vingts pour cent, assumant ainsi sa physionomie définitive.

La Principauté

À l’exception du Vatican, la Principauté de Monaco est le plus petit État du monde. Avec ses 36 000 habitants, dont un cinquième d’Italiens, répartis sur une superficie de seulement 200 hectares, c’est une ville État : la capitale, Monaco, occupe tout le territoire et est divisée en dix districts. Aux quatre premiers – Monaco, La Condamine, Monte-Carlo et Fontvieille – six autres se sont ajoutés au fil du temps : Moneghetti, Larvotto, Saint Roman, Saint Michel, La Colle et Les Révoires. En particulier, la zone de Fontvieille, qui s’étend sur 22 hectares et qui est le siège du port, a été entièrement tirée de la mer, dans les années 1960, afin de répondre aux besoins pressants d’espaces auxquels la Principauté ne pouvait avoir accès.

Terre de séduction

Il est unique qu’un État presque insignifiant en termes de population et d’extension territoriale soit au contraire célèbre dans le monde entier et devienne une destination convoitée du tourisme international. Les raisons se trouvent d’abord dans la douceur de son climat et dans sa beauté naturelle : les quatre kilomètres de plage sur la mer Ligure, au cœur de la Côte d’Azur, font de la Principauté un véritable coin de paradis.

La baie pittoresque en arrière-plan de la forteresse de la Testa di Cane avec ses remparts, le château et l’ancienne et austère capitale, Monaco et, en regardant vers le bas, la terrasse avec ses jardins fleuris et les somptueuses villas de Monte-Carlo forment un tableau charmant et unique. Ajoutez à cela une sage politique de développement touristique que la famille Grimaldi a mise en place depuis la seconde moitié du XIXe siècle, quand, c’est-à-dire, un coup de génie du prince Charles III ne change pas radicalement son destin.

Il faut dire que la Principauté, privée de ressources naturelles, jusqu’au milieu du XIXe siècle est une terre très pauvre, et ses habitants vivent dans la pauvreté et sont surchargés d’impôts. Le palais du prince est décadent et, malgré sa grandeur, seules trois pièces servent d’habitation au souverain, toutes les autres étant impraticables ; c’est précisément de cette extrême misère que naîtra l’idée qui conduira au tournant de l’époque, chez Charles III : l’ouverture d’une maison de jeux.

Afin de surmonter l’isolement, il céda à la France les villes de Menton et de Roquebrune susmentionnées, obtenant en échange, entre autres, une importante artère reliant Monaco à Nice et un arrêt sur la ligne de chemin de fer entre Gênes et Nice même. Après les premières années d’échec, c’est finalement en 1863 que le capitaliste français François Blanc, concessionnaire de jeux, inaugura le casino qui, construit sur une colline surplombant la mer, prit le nom de Monte-Carlo, en hommage au prince.

Faits majeurs de l’histoire du territoire

L’initiative s’avère immédiatement être une énorme affaire, si bien que Blanc organise à ses frais le réseau routier de la Principauté, son éclairage, l’établissement de liaisons terrestres et maritimes avec la France et l’Italie et la construction de l’Hôtel de Paris qui deviendra le plus somptueux d’Europe. Dans le même temps, les prix des terrains et des maisons ont augmenté de façon spectaculaire et, grâce aux revenus considérables de la concession à Blanc, dès 1869, tous les impôts des citoyens monégasques ont été supprimés.

Après la mort de Blanc, en 1879, sa femme Marie crée un grand théâtre à l’intérieur du casino, l' »Opéra », à l’inauguration duquel participe l’actrice française Sarah Bernhardt, marraine. L’avènement de la « Belle Epoque » se retrouve dans la Principauté et à Monte-Carlo, aujourd’hui fréquentée par la noblesse et la haute bourgeoisie de tout le continent, l’une de ses capitales les plus brillantes et les plus représentatives.

La direction entreprenante de Camille, le fils de Blanc, contribue grandement au développement de la station, avec le lancement de nombreuses initiatives qui durent encore aujourd’hui et représentent, chacune dans son domaine, une source d’intérêt et d’attraction touristique. C’est ainsi que sont nés le tennis, le golf, la boxe, les compétitions cyclistes, les régates de voile, le « Rallye de Monte-Carlo », les concours de beauté et les thermes de Monte-Carlo. Le Prince Albert, pour sa part, passionné d’océanographie et de préhistoire, crée en 1902 le Musée d’Anthropologie préhistorique ; en 1906, il crée la Fondation de l’Institut Océanographique et, quatre ans plus tard, le Musée Océanographique. Les deux musées, mondialement connus, sont aujourd’hui visités.

Le prince Louis II, en 1929, a créé un circuit de course automobile donnant vie au Grand Prix de Formule 1 de Monte-Carlo. Après la Seconde Guerre mondiale, la société qui était de Blanc passe au très riche Aristote Onassis, tandis que le Prince Rainier III est engagé dans la recherche de nouvelles initiatives à lancer, également pour relancer le nom de la Principauté qui ne s’identifie plus que dans le casino.

Avec l’avènement de la télévision, il a fondé les chaînes Telemontecarlo et Radiomontecarlo, qui diffusent en français et en italien, créant ainsi une nouvelle et riche entreprise. Pour nourrir le charme féerique dont jouit la Principauté dans le monde viennent l’heureuse rencontre et le mariage qui s’ensuit entre Ranieri et la grande actrice américaine Grace Kelly. La réception devient un événement historique international, avec la présence de chefs d’État couronnés, de chefs d’État et de stars de cinéma. Le beau conte de fées se terminera malheureusement de façon triste avec la mort de la princesse Grace dans un accident de voiture.

Monte-Carlo aujourd’hui

Avec le décès du Prince Rainier III, la régence est passée à son fils Albert II qui a épousé l’ancienne nageuse sud-africaine Charlene Wittstock le 2 juillet 2011.

Pour ses nombreux attraits, pour la douceur de son climat, pour les conditions de vie enviables de ses habitants, Monte-Carlo est aujourd’hui l’un des lieux de villégiature les plus exclusifs au monde. Point de rencontre de la haute société internationale et destination permanente des visiteurs du monde entier, la Principauté de Monaco reste dans l’imaginaire collectif un lieu féerique, un objet de désir, une terre à laquelle chacun voudrait appartenir.

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